Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les Mortes Pâmoisons
10 juin 2009

Page

Ariel explosa. Puis Ariel revînt. Ariel trempa le pied dans l'eau mauve. ll s'assît sur le bord et tatonna de ses petits orteils les nénuphars, couches de martiens écrasés et rabougris par l'eau. Le ciel, luis était marbré de gris et de vermeil, et l'on voyait, sur l'horizon, l'ombre d'un soleil plaintif et fatigué. Ariel se pencha à nouveau vers l'eau. Elle semblait profonde. Enterées dans les sous-sols du lac, des créatures, silencieuses et invisibles remplissaient le lac de leurs larmes tièdes. Ariel enleva ses vêtements de lin et se jeta soudainement dans l'eau, perçant une seconde sa calme surface. Immersion. Plus aucun bruit ne se fit entendre, hormis le grondement sourd de l'eau qui comblait ses conduits auditifs. Ariel stagnait dans l'énorme récipient de Nature. Il essaya de nager en remuant les bras, et les millions de molécules d'eau à la violette qui formaient le lac s'écartaient pour ensuite ne refaire qu'un autour de lui. La paleur blanche de sa peau, collée aux côtes fluorescentes de son torse menu, faisait d'Ariel un être fantomatique, lumineux comme la lune au creux du milieu de la nuit.
" Il y a un crapaud dans l'eau " pensa Marjaa, penchant sa tête près de la surface du lac. L'étendue d'eau se troua à nouveau pour acceuillir la fille de Souffre. Stagnants comme deux crapauds distingués, Marjaa et Ariel, ne s'attendaient pas à ce que les limites de l'aquatique se rejoignent pour boucher le sol. La terre se referma au dessus d'eux comme un diaphragme scellé à jamais. Ils étaient maintenant enfermés pour toujours dans une bulle remplie sous terre, ébahis, bouches bées devant la paupière terrestre qui venait de clore leur existence.

Publicité
Publicité
Commentaires
H
C'est bien, ça.
Les Mortes Pâmoisons
Publicité
Publicité